Hrvatska! Hrvatska!

Reposés comme au premier jour après une nuit sous les oliviers, nous avançons vers Dubrovnik. De joyeux moustiques ont élu domicile dans notre tente depuis quelques jours. Ces nouveaux compagnons égaient nos soirées et nous murmurent mille et une choses a l'oreille. Occupés à nous chamailler avec ces insectes gloutons dans leurs orgies nocturnes, nous oublions de dormir. Le manque de sommeil se fait sentir dans les rangs, un soleil de plomb n'arrange en rien la situation. Pourtant, joie et émerveillement doivent se lire dans nos yeux et sourires. Nous venons d'entamer notre descente sur la côte, Dubrovnik siège au loin. Les montagnes qui bordent l'Adriatique plongent rapidement dans une eau d'un bleu intense ou s'éparpillent des dizaines de petits îlots. Au bout de quelques heures nous atteignons l'enceinte de la vieille ville. Le faste, l'opulence que dégagent la cité sont assourdissants, nous ne savons plus ou donner du regard. De petites ruelles aux escaliers de pierre vieillie partent vaillamment à l'assaut de la montagne. En contrebas, les artères principales supportent leur flot de touristes qui s'agglutinent au pied d'imposantes bâtisses et églises richement décorées. D'épais remparts entourent le tout et signalent aux navires passant au large la puissance de l'ex-republique de Raguse, concurrente de Venise. Un charme évident qui séduit les voyageurs aux souliers usés que nous sommes. Nous n'y restons que peu de temps, l'appel irrésistible du Nord nous pousse à remonter la côte.



Gradaç, modeste port dalmatien, se transforme brièvement en station balnéaire croate, le temps d'une saison. Monika et Ricardo, frère et soeur, nous accueillent chez eux. L'envie d'apprendre des autres et de partager leur expérience émane d'eux et instaure immédiatement un climat agréable. Ex voyageurs revenus au bercail après plusieurs années, ils éprouvent le besoin de s'évader au travers des récits des gens. "Accueillir un voyageur, c'est partir tout en restant chez soi". Au début des années 90, des guerres d'indépendances éclatent en Yougoslavie. Beaucoup de Yougoslaves partent pendant celles-ci et les années qui les suivent. A la recherche d'asile, et à la découverte du monde, tous fuient violence, misère et corruption. Ricardo, après un an de service rendu dans l'armée s'exile en Italie. Il y reste une dizaine d'années. Depuis quelques temps, beaucoup reviennent au pays. La situation s'arrange, les choses changent. "Ma génération est foutue, détruite par la guerre", déplore Ricardo. Alcool, drogue, misère et solitude font des ravages chez les vétérans. Ceux qui réussissent à éviter ce schéma, à l'image de Ricardo, ont perdu la force, le courage de se battre pour un monde meilleur, laissant les autres décider pour eux. "La génération qui arrive possède cette énergie, cette envie de changer les choses." Un mois avant notre arrivée, éclatait la deuxième grève depuis l'indépendance, il y a 17 ans. Elle fut menée par des étudiants. L'espoir refait surface.

L'Euro 2008 approche. Des damiers rouges et blancs fleurissent dans les rues, le village s'habille aux couleurs de son équipe. Tout le monde s'impatiente. La Croatie joue ce soir. Des détonations retentissent aux quatre coins du bourg, une fumée orange s'échappe de sous la toile d'une terrasse couverte, une clameur énergique se déploie ci et là. Pétards, fumigènes, chants de supporters animent le village et donnent le rythme des festivités, quelques heures avant le début du match. Le coup d'envoi n'est pas donné que déjà bière et vin coupé d'eau (breuvage très répandu dans cette région) coulent abondamment. Peu importe le football, nous explique Monika, ce que veulent les gens c'est s'amuser et gagner afin de fêter la victoire. L'agitation monte d'un cran au commencement du match et atteint son paroxysme lorsque la Croatie ouvre la marque. Les yeux de l'assistance rivés sur le petit écran cherchent au travers d'une épaisse et suffocante fumée orange le petit point blanc qui porte l'espoir d'une nation. Le résultat est sans appel à l'écoute des cris et pétarades qui font siffler nos fragiles tympans : les Croates ont vaincu. Les noctambules laissent éclater leur joie et s'adonnent à une débauche méticuleuse jusqu'aux premières heures du matin.




Une stricte gueule de bois saisit le village au réveil ce qui n'efface pas les sourires qu'arborent tant bien que mal les visages épuisés des passants. Nous partons aujourd'hui en randonnée. Ricardo converti en guide nous emmène a la conquête des hauteurs qui entourent Gradaç . Le soleil est au rendez vous, la marche est agréable. Nous nous essayons à la spéléologie et explorons deux grottes, armés de cordes et de lampes à pétrole. L'accès y est difficile mais le spectacle est saisissant. La flamme de nos lampes s'accroche hardiment à la mèche imbibée qui la nourrit et fournit une lumière suffisante. Hésitant au gré des renflements de la caverne, elle brave stalagmites et stalactites et pénètre courageusement les ténèbres, vacille parfois mais diffuse gentiment un halo chaleureux procurant à l'ensemble une mysticité prenante. Nous restons quelques temps à discuter dans la fraîcheur de ses infractuosités. Rassasiés de grands espaces, nous prenons la route du retour traversant d'anciens hameaux à l'abandon. Ricardo profite de cet exemple pour nous montrer que les gens ont délaissé la montagne depuis l'explosion du tourisme au profit des plages. Il travaille sur un projet de tourisme différent orienté vers la montagne et la nature dans lequel l'olivier occupe une place capitale. Une exploitation à l'agonie qui voit sa réhabilitation arriver, la population prend conscience de la culture et des richesses que véhicule cet arbre. Les jours passent et nous ramènent à la réalité. Nous devons poursuivre notre route. La pluie fait son apparition le jour de notre départ. L'émotion fait son entrée plus vivace que jamais. A bientôt Gradaç!




De longues averses, d'intenses orages rythment nos journées depuis notre départ de Gradaç. Face à ce temps colérique notre mince toile de tente n'est pas de taille. Fatiguée par d'innombrables montages et démontages, détendue de toute part, ayant connu les baisers perforants des braises et subit les assauts répétés du vent elle déploie ses dernières forces dans une bataille inégale. Le dévouement de notre protectrice est touchant mais la tempête a raison d'elle. L'eau s'infiltre fourbement et nous surprend dans notre sommeil. Les maigres rayons solaires du matin peinent à sécher nos vêtements, les nuages ne tardant pas à réapparaître. Nous faisons route malgré tout et traversons l'île de Pag. Un vent violent a l'habitude d'assaillir la face est de l'île. Dépourvue de toute végétation, la roche à nue prend des allures de désert et rappelle la Tunisie. Un couple d'Allemands retraités patrouille les Balkans dans son camion militaire aménagé. Accueillis à leur bord le temps de quelques kilomètres nous progressons rapidement vers l'Istrie, région septentrionale de la Croatie.




Une jeune femme aux cheveux bruns éclatants et à la mine enjouée nous fait de grands signes alors que nous traversons la place principale de Pazin, petite ville du centre de l'Istrie. Voici Jana. Nous avions pris contact avec elle et Toni, son mari, via un site internet rassemblant des gens désireux de donner l'hospitalité à des voyageurs. Nous resterons quelques jours chez eux. Leurs deux enfants, Jakov et Jan ayant respectivement trois et sept ans, pleins de vie animent l'appartement de nos hôtes. Une famille de voyageurs qui va s'occuper de nous avec une attention particulière. Toni, amateur de punk des années 70, journaliste, travaille pour le journal local. Jana, architecte, prépare leurs vacances prochaines : en France. Nous assistons une nouvelle fois a l'ambiance enfiévrée d'un soir de match, malheureusement, la Croatie est éliminée. La déception emplit les rues, elle est pesante. La défaite semble oubliée des le lendemain. En effet, une fête du village est organisée. Nous nous rendons sur le lieu des festivités en cette belle matinée d'été. Une rivière d'eau claire traverse la clairière dans laquelle nous venons de pénétrer. Nous sommes sur les bords d'une petite falaise. L'eau se jette du haut de celle ci pour retomber dans un bouillonnement énergique au milieu d'un grand bassin de roche de plusieurs mètres de profondeur. Le soleil ayant repris du poil de la bête depuis quelques jours, lance ses rayons sur la cascade, haute de sept mètres, qui scintille joyeusement. Une tyrolienne est installée, des enfants s'élancent dans le vide en criant avant de retomber bruyamment dans des gerbes d'éclaboussures qui brillent à l'éclat du soleil.

Un tournoi de water polo est organisé. Toni nous rejoint pour former une équipe. Nous sommes prêt à représenter fièrement notre pays. Ce tournoi annuel accueille pour la première fois une rencontre internationale. Connus dans tout le village en tant que "Françuzi!" les habitants sourient à notre vue.



Le match commence. Le commentateur au micro entonne la Marseillaise dès que nous marquons un but, les enfants assis sur les bords de cette arène naturelle chantent l'hymne des supporters croates. Manquant d'entraînement, nous nous faisons battre à plates coutures, peinons a finir nos matchs, au bord de la noyade. Nous récupérons en regardant un concours de plongeons loufoques. Des concerts concluent cette épuisante journée. Toni, survolté, vibre au son d'un vieux groupe croate. Il n'oublie cependant pas de prendre des photos pour son journal dans lequel parait Armand, en tenue de supporter croate, interrogé sur sa vision de l'Euro en Croatie. Aux petits soins de nos hôtes pendant ces jours, nous profitons de chaque instant passé avec eux. Ainsi finissent nos aventures croates...




Il est cinq heures du matin, peu réveillés nous faisons nos adieux a cette petite famille, leur souhaitons de bons moments en France. Nous nous dirigeons vers la gare de bus afin de partir pour l'Italie. Nous embarquons, le bus est bondé. Exténués, nous nous endormons dans l'allée centrale, installés tant bien que mal, laissant nos pensées errer au gré de souvenirs croates avant d'aborder le dernier pays de notre épopée.

French cancan dans les Balkans

Bonjour à tous,

Après cette étape grecque de plus d'un mois, nous repartons dans des contrées moins connues. Dès la frontière de Kakavie, au sud de l'Albanie, nous entamons nos premiers petits pas balkaniques. Avant le barrage, un groupe de personnes se dirige dans la même direction que nous, sous escorte policière grecque. Un bus viens de déposer ces immigrés clandestins venus chercher du travail en Grèce. De l'autre coté, une ribambelle de chauffeurs de taxi nous attend, personne ne parle un mot d'anglais...

Nous avons tôt fait de rejoindre Salandrë, petite ville balnéaire à l'extrême sud de la côte albanaise. Nous y bivouaquons pour la nuit, dans un petit parc situé en plein centre ville. Le matin, dès l'ouverture de la tente, une dizaine de petites têtes apparaissent devant la porte. Elles sont rapidement chassées par les adultes. Seuls Fabio et Samir restent, intrigués par ces étranges touristes. Ils nous apprennent à compter en Albanais et nous aident à replier la tente.



Nous partons vers le Nord pour longer la côte jusqu'à Vlorë. Nous n'avons pas fait dix kilomètres qu'un camion de l'armée s'arrête. La porte s'ouvre. Quatre militaires Albanais à la bonne humeur contagieuse nous invite pour un bout de chemin. L'un d'eux a fait des études d'histoire. Pendus à ses lèvres nous découvrons ce pays depuis les conquêtes de Pompée jusqu'à la fin de la dictature communiste, vingt ans plus tôt. Pendant que nous parlons, l'asphalte défile sans que nous en rendions compte. Nous remarquons de curieuses constructions en béton. Un seul homme peut rentrer dans ces bunkers. Bâtis par milliers pendant la période communiste, ils défendaient le pays d'éventuelles invasions. On nous offre un café accompagné de raki (marc de raisin, fait maison, très populaire), au milieu de torrents de montagnes. L'eau sinue autour des tables du troquet, et des racines de chênes majestueux.

Les jours suivants, nous remontons la Riviera albanaise. Des paysages sauvages viennent à notre rencontre, parfois sous une pluie battante, parfois sous un soleil de plomb. Nous sommes alors heureux de pouvoir plonger dans les eaux turquoises de charmantes criques qui ponctuent notre parcours. Nous voici enfin à Vlorë pour une pause bien méritée. Le bivouac urbain est toujours de mise, devant l'Université cette fois ci. Le gardien nous installe une table et des chaises pour notre repas du soir.

Direction Krujë ou nous croisons le bar "Georges W Bush". Nous nous renseignons. Ici a eu lieu la visite du président américain en 2007, et depuis cette visite de nombreux Albanais ont une vision de la politique de ce dernier bien différente de celle de nombreux autres pays que nous avons traversés. Nous sommes peu étonnés de cet attrait pour une politique plus libérale, dans ce pays soumis pendant 46 ans à l'une des dictatures communistes les plus dures de la seconde moitié du 20ème. De nombreuses statues immenses, représentant ouvriers et paysans en arme, subsistent dans chaque ville du pays, comme autant de rappels de cette époque difficile.

A 10 kilomètres de Fush Krujë se trouve Krujë, une ville dotée d'un château médiéval, remarquablement conservé et au charme certains. A peine le temps de déambuler dans ses ruelles pavées que le tonnerre se met a gronder. Un restaurateur nous propose gentiment de nous loger dans la salle située sous son établissement et qui sert de classe d'anglais. Nous mangeons et dormons à l'abri et entourés de cahiers d'écoliers.

Notre carte indique son nom en gros, Shengjin. Lorsque nous y entrons, le doute s'installe. Une hypothèse s'impose a nous, la carte a cinq ans d'avance sur la réalité. Sur le front de mer de cette ville entièrement en construction, une vingtaine de futurs hôtels s'alignent, la plage est jonchée d'ordures. Tout le pays est ainsi en plein changement. Le secteur du bâtiment atteint une croissance de 25 %. Et comme souvent l'arrivée du tourisme bouleverse les traditions. Les constructions se font ici sans souci de préservation de l'esthétisme de la région.
La marche jusqu'à Shkoder, deuxième ville du pays, est un régal, du moins jusqu'à l'arrivée de la pluie... L'occasion pour nous abriter au mini-market du prochain village. Nous y achetons de quoi faire nos sandwichs et mangeons sur le côté. Bientôt tout le village est là pour venir nous parler, on nous offre table et chaises pour déjeuner. Les enfants rigolent, font du vélo et même de la moto pour nous impressionner, sous le regard amusé des grands frères et adultes. Nous communiquons dans un mélange d'albanais, de français, d'anglais et d'italien, langue bien plus répandue dans ce pays que l'anglais à cause des nombreux Albanais partis travailler de l'autre côté de l'Adriatique. Comme d'innombrables fois au cours du voyage, nous devons dire au revoir à tout ce petit monde qui, en quelques heures, nous a tant ému par sa gentillesse et son accueil.



En route pour la frontière, à 5 kilomètres de celle-ci exactement, un groupe de trentenaires nous invite à prendre un verre au café du village. Des footballeurs... Nous décidons d'aller les voir jouer avant de planter la tente. Arrivés au bord du terrain, nous sommes accueillis par une trentaine de jeunes âgés de 10 à 18 ans. Immédiatement, nous sommes entraînés par les plus vieux dans un France/Albanie. Le terrain en mauvais état jouxtant le vrai terrain où jouent nos trentenaires, et où les trous et les mauvaises herbes cohabitent avec les déchets , accueille ce match au sommet. 10 - 9 au final pour l'Albanie malgré certains renforts albanais pour nous. Mais quel match ! La plupart des enfants hurlent des "Fransa, Fransa" au grand désespoir de nos adversaires. Nos supporters nous demandent de pouvoir nous prendre en photo avec leurs téléphones portables. Nous nous prêtons bien sûr au jeu. A chaque but, les enfants de 10,11 ou 12 ans accourent sur le terrain pour nous serrer la main tout tremblant d'excitation, congratulant d'un "your are good player", des fous rires en pagailles, des sourires. Et pour le final, nous prenons une photo avec tout le monde.

Le soir nous dormons sur le terrain de football; les trois aînés du match de football viennent nous offrir des jus de fruit. Échange d'adresse email, parties d'échec, nous nous donnons rendez vous le lendemain à leur école. Le lendemain nous arrivons à l'école où la professeur d'anglais nous fait visiter. Finalement, les élèves nous rejoignent, nous invitent à manger, à boire et insistent pour faire une partie de volley-ball. Un remake du France/Albanie de la veille. Cette fois-ci, défaite cuisante de la France.
Finalement toute l'école (200 personnes !) vient assister à la fin du match de volley. Nous prenons congé de ce charmant village et de ses jeunes habitants. Un camion nous prend spontanément en stop et nous voici au Monténégro dont nous ne connaissons ni l'alphabet, ni la langue.

Nous goûtons, sur la route entre la frontière et Ulcinj, à la campagne monténégrine et aux routes serpentant entre les pinèdes. Pour atteindre, la plage où nous voulons planter la tente, nous sommes pris en stop par deux jeunes Kosovardes. Emballées par notre projet, elles regrettent cependant que nous n'ayons pu faire le crochet par leur tout nouveau pays. Elles viennent ici en vacances profiter des infrastructures touristiques, remarquablement bien développées. Nous posons notre tente sur la belle plage pour la nuit, dînons au coucher du soleil et dormons comme souvent d'un sommeil de plomb.

Le lendemain, nous repartons pour la ville de Bar. Le plus grand port du Monténégro grouille d'une intense vie estudiantine. C'est d'ailleurs devant l'université que nous installons notre campement. Cette fois-ci, l'accueil diffère et nous sommes expulsés des les premières lueurs de l'aube. Nous allons alors nous installer sur une place. Là encore un policier nous demande de partir d'un ton sévère. Nous repartons de Bar dès l'après-midi.

Prochaine étape Budva et sa vieille ville fortifiée. Cette ville au charme indéniable attire tous les vacanciers et autres touristes internationaux. Nous y faisons la connaissance de Stefan. Ce macédonien a passé une partie de sa vie en Belgique ou il a appris le français, revenu dans son pays, il n'a pu y trouver de travail. Arrivé il y a trois mois à Budva , il y travaille dans le bâtiment. Son salaire ne lui permet pas cependant de trouver un logement décent et il dort souvent sur la plage. Avant de nous quitter, il nous demande une seule chose : un livre.



Kotor, un nom dur qui ne laisse rien deviner du charme de cette ville fortifiée, posée au bord d'un superbe fjord, renfermé. Des petites rues, de magnifiques maisons, des restaurants et des cafés où il fait bon se reposer après une longue marche. Nous y restons trop peu de temps à notre goût, mais il faut bien avancer. Et nous voici déjà longeant les bords du fjord. Imaginez de hautes montagnes entourant une masse d'eau d'un bleu intense, un soleil qui permet à une végétation d'eucalyptus et d'hibiscus de foisonner! Un mélange de couleurs qui font de la marche un vrai bonheur.

Après une semaine qui nous paraît n'avoir duré qu'un instant nous quittons ce superbe pays. La Croatie et la côte dalmate nous attendent.

A bientôt

Aventureusement votre.

A Petits Pas

Dernieres salades grecques

Bonjour à tous,

L'île de Syros, voilà une destination de choix pour l'équipe d'APP, ou de nombreux touristes grecs aiment se ressourcer durant leurs vacances. Cette semaine est l'occasion pour nous de se reposer et de profiter du charme certain de cette île. Les paysages se confondent entres les montagnes et l'eau turquoise de la mer qui les entoure. Notre petite maisonnette est de tout confort, et en bord de plage, mais est-il vraiment besoin de le préciser?

Durant cette escapade paradisiaque, nous décidons un matin de nous lancer à la chasse aux oursins afin de nous préparer un dîner original, un four le permettant davantage qu'un réchaud... Équipés de palmes, d'un tuba et d'une bonne paire de gants bien sur, l'équipe est prête à intervenir dans les fonds marins de la mer Égée. La pêche se révèle assez fructueuse avec pas moins d'une vingtaine d'oursins en plein mouvement épineux dans notre seau. Le moment critique arrive très vite quand il s'agit de les dépiauter: il faut enlever tout ce qu'il y a dedans excepté les coraux orangeâtres (soit 5% de la composition d'un oursin...), un geste habile est indispensable. Ensuite, Jean, cuisinier attitré de la soirée, se met aux fourneaux et nous concocte des oursins à la coque accompagnes de poulpe. Un délice!

Nous profitons de quelques après-midi sur les différentes plages de l'île, d'une visite de la capitale administrative des Cyclades (Ermoupolis) et de séances photos au sommet des montagnes surplombant la mer.

Le séjour touchant à sa fin, la Crête pointe le bout de son nez, et nous la rejoignons via un bateau "high speed", non sans émotions, légèrement surpris par la vitesse. Retour en enfance, Sissi est retransmis durant la traversée... Iraklion est notre première étape, ou nous n'y passons qu'une nuit juste le temps de voir une procession pour le Vendredi Saint, les rues sont pleines de monde. Le week-end de Pâques s'ouvre à nous.

Le lendemain, nous retrouvons Michel, retraité français qui considère la Crête comme un endroit des plus paisibles qui soient. Il nous donne rendez-vous dans la taverne du petit village d'Agii Deka, le Labyrinthos. Michel y a ses habitudes et le patron du bar, Manolis, nous reçoit très chaleureusement. Petit tour d'horizon de l'île, et nous nous adoptons très vite le style de vie particulier qu'est celui des Crétois. "Aaaahhhhhh c'est chiant la Crête les mecs, hein??", expression consacrée de Michel sur un ton ironique. Nous adhérons. Le soir direction le parvis de l'église pour la veillée Pascale, ou tout le village s'est réuni. Des buffets garnis de mouton grille et de vin local nous attendent pour la fin de la célébration. Pendant ce temps là, nous assistons à la mise à feu de Judas, les pétards éclatent dans tous les sens (il faut d'ailleurs un certain temps avant de s'y habituer) et les plus grands ont le droit de tirer quelques coups de feu en l'air, même le Pope se prend au jeu à la fin de l'office. La suite de la soirée se passe dans une ambiance des plus festives, Michel nous présente à ses amis, tous aussi avenants les uns que les autres. Nous faisons même la découverte d'un poivrier, étonnant.

La Pâques Orthodoxe finie, APP part à la découverte de la "mama olivia", la mère des oliviers de Crête. L'arbre est âgé de plus de 1500 ans, la séance photos s'impose en compagnie de Gabrielle, une allemande qui tenait à nous montrer cet arbre. Michel nous amène ensuite dans le labyrinthe du Minotaure, dont nous avons entendu parlé pendant toute la durée du séjour. Instant spécial, dont nous ressortons émerveillés. Le soir nous retournons à la taverne de Manolis, ou nous faisons connaissance de la gastronomie Crétoise (tête d'agneau, escargots, artichauts...). Lors de notre dernier repas, Manolis nous invite à poser avec lui pour une photo qu'il accrochera sur l'un des murs de son bar. Bel hommage de sa part à notre encontre, ce qui nous touche beaucoup.

APP termine ses vacances, les choses sérieuses reprennent, une conférence de presse nous attend à Kalamata pour parler de notre projet. Georgia nous accueille à la Chambre de Commerce et d'Industrie de la ville, ou a lieu la conférence. Nous installons notre diaporama, et chacun met au point son intervention. Les premiers journalistes (presse et télévision confondues) arrivent et la pression se fait ressentir. Notre traductrice ouvre le bal, et Guillaume prend le relais. Tout se déroule très bien, nous finissons par répondre aux questions des journalistes, le tout en anglais bien sur. A la suite de la conférence, nous faisons la connaissance de Stavros, producteur d'huile d'olive près de Kalamata. Il nous propose d'aller visiter son huilerie le lendemain. Nous le retrouvons donc le samedi matin devant l'hotel ou il nous attend avec tous les quotidiens ou nous faisons la Une. APP s'internationalise. Après cette visite, Stavros nous propose une petite excursion dans les montagnes du Peloponnese. Notre sens de l'orientation nous joue quelques tours mais il est vrai que les indications ne nous ont pas beaucoup aidé non plus. En tout cas, cela fait bien rire Stavros.

Le lendemain, nous prenons la direction de Zaharo pour enquêter sur les incendies qui ont touché le nord du Peloponnese l'été dernier. Nous nous adressons directement à la mairie, ou très vite quelqu'un vient a notre rencontre et nous parle avec beaucoup d'émotion sur ce qu'il s'est passé. La région a beaucoup souffert de ces feux qui ont ravagé plusieurs milliers d'hectares de cultures, et notamment d'oliviers. Nous rencontrons également Billy qui nous retrace sa semaine pendant ces incendies. Dans un premier temps la surprenante découverte de ce qui se déroulait sous ses yeux puis un fort sentiment d'impuissance. Témoignages très émouvants, nous prenons ensuite la direction des montagnes pour découvrir l'ampleur des dégâts. Vraiment impressionnant, tout est a refaire et les subventions de l'Etat grec ne semblent pas suffisantes pour combler les pertes causées par les incendies.

En route pour l'Albanie, nous faisons un crochet par Patras. Nous posons les sacs chez Claudine et Aurore, deux étudiantes francaises que nous avons rencontre quelques jours auparavant. L'occasion pour nous de faire de nouvelles connaissances, des etudiants grecs ou issus de differents pays.

Et depuis samedi nous voila en Albanie, à Salandra plus exactement, ville touristique du littoral Albanais. Nous prévoyons d'y rester 15 jours pour enchaîner ensuite sur la traversée du Montenegro. A nous les Balkans!

A bientôt.

Aventureusement votre,

L'équipe d'A Petits Pas

Ballade épique en Attique

Bonjour à tous,

Constantinople, Bysance, Istanbul, trois grands noms pour un petit bourg au charme millénaire. Petit bourg qui nous le rend d'ailleurs très bien, nous sommes gracieusement accueillis par deux Stambouliotes, Jaki et Sercan. Les deux colocataires aux idéaux humanistes et pacifistes sont impressionnants. Une vraie leçon de partage et d'entraide. Véritable auberge espagnole, leur appartement sert de toit à de nombreux voyageurs. Une Italienne, une Allemande, un Argentin et un couple de petits Français sont alors de la partie. Ces deux derniers, vadrouillent depuis bientôt deux ans autour du monde, juchés sur un tandem. Nous partageons nos expériences avec tout ce petit monde. Un accueil tellement touchant que nous en oublions "presque" de visiter la ville aux milles mosquées. Une ville à l'agitation réputée qui nous séduit rapidement. De la mosquée bleue à la basilique Sainte Sophie en passant par les quartiers populaires de Fener et de Galata, nous nous perdons en son sein avec délectation. Nous quittons à regret ce lieu enchanteur. Le train que nous empruntons en direction de la Grèce n'a pas le charme, bien qu'il parte de la même gare mais le symbole est là.

Nos premiers pas sur le sol grec nous mènent jusqu'au Mont Olympe, demeure des Dieux. Nous nous échinons sur ses flancs, à l'assaut de la montagne sacrée. Le sommet, enneigé à cette saison, nous est inaccessible. Malédiction divine? Nous redescendons donc pour prendre le chemin d'Athènes sans avoir croisé ni Zeus ni Athéna. Nous y retrouvons Martin (parti un court instant pour le mariage de sa soeur) et Guillaume, nouveau membre de l'aventure A Petits Pas, l'occasion pour lui d'un passage de témoin fort en émotions avec Rémi.

En attendant, nous sommes logés pendant 3 jours chez Paul, jeune étudiant de l'ESSCA en échange Erasmus pour un semestre. Par la même occasion, nous faisons la connaissance de ses colocataires, Astrid et Jimmy. Très bon accueil, ils nous font découvrir Athenes et ses contrées, qui en disent long sur son histoire Antique et ses nombreuses légendes, du moins dans le centre ville, les alentours étant plus moroses. La visite de l'acropole, haut lieu de l'antique Athènes, constitue notre point d'orgue dans notre avidité de connaissances. Place sur les hauteurs de la ville, nous profitons d'une vue imprenable sur la cité Athénienne. Cependant, nous sommes quelque peu déçus que les travaux gâchent le mystère qui englobe ce site.

S'en finit donc notre court séjour à Athènes, et quittons nos 3 "colocs", à l'aise dans les rues d'Athènes de jour comme de nuit. Merci à eux! De son côté, Rémi prend son avion, non sans émotions (turbulences obligent), direction la France, et s'en part vaquer à ses préoccupations d'étudiant parisien. Que de chemin parcouru avec lui, du départ de la Fare aux Oliviers à Athènes, en passant par les pays Arabes qui auront constitués la majeur partie de notre périple. Bon vent à lui!

Guillaume, lui aussi étudiant en école de commerce (à Grenoble), prend donc le relais pour la dernière partie du voyage. De nouvelles aventures commencent...

A Petits Pas reprend donc ses droits direction une région aux multiples facettes: le Péloponnese. Sous une chaleur accablante, l'équipe gambade au beau milieu des montagnes, qui surplombent la mer. Vues surprenantes, qui rendent bien compte de la richesse naturelle de cette région. Nos nuits sous la tente se font souvent au plein coeur d'un cadre privilégié et unique (au beau milieu des montagnes ou bien encore au bord de la mer). Actualité oblige, nous nous faisons également gracieusement accueillir à Athikia chez Jojo, retraité de la région lilloise, qui coule des jours paisibles en Grece. Nous le rencontrons dans un troquet traditionnel de cette charmante bourgade, via le serveur qui explique qu'un "Français" vit dans ces terres éloignées. Il nous a d'ailleurs bien sauvé la mise, l'hébergement s'annonçant un tantinet précaire. Nous prenons la direction de sa maisonnette au beau milieu de la campagne. Nous y faisons la connaissance de son épouse, Suzette. Nous plantons notre tente dans son jardin et ne manquons de rien. La réputation d'hospitalité des habitants du Nord ne se fait pas mentir: Bienvenue chez les Cht'is.

Le lendemain, l'équipe se dirige vers Mycènes et son site antique, dont la réputation n'est plus a refaire. Notre "chauffeur" du jour, routard lui aussi dans sa jeunesse, nous y emmène. Étant trop juste dans nos délais, l'auto-stop s'est imposé. Qui a dit qu'A Petits Pas ne se faisait qu'a pieds??

Toujours est-il que nous arrivons à bon port pour voir les ruines de Mycènes, inondées de touristes. Malheureusement pour nous, nous arrivons trop tard, il est déjà 15H... Cependant, nous prenons la décision de rester sur place et de profiter du cadre magnifique qui entoure ce site. Nous nous promenons dans les vastes plaines péloponiennes composées tantôt d'oliviers (évidemment), tantôt d'orangers. Nous y trouvons finalement un endroit insolite pour passer la nuit: une tombe circulaire, enfoncée dans les terres, de l'époque antique. Nos photos mises en ligne témoigneront bien de cette nuit pour le moins originale. S'ensuit un réveil matinal pour visiter les ruines. Là encore, nous sommes sous le charme de la vue qui nous est offerte sur les montagnes du Péloponnese. Quant au site en soi, il n'y a pas grand chose de marquant a signaler.

Une fois partis, nous reprenons la direction d'Athènes pour prendre un ferry, avec en point de mire une semaine de repos sur l'île de Syros, située dans l'archipel des Cyclades. Voyage très long, où nous avons bien failli rater notre escale, le grec n'étant notre langue de prédilection. Le pont arrière du bateau était en train de se refermer.

Une fois descendus, nous sommes très gentiment accueillis par Yannis (professeur de français), le frère de Sebastianos (scientifique oléicole) qui nous prête pour l'occasion une de ses maisons de location, juste au bord de la mer. A Petits Pas se fait de vieux os... Là aussi, nous sommes subjugués par les magnifiques paysages qui nous entourent: des montagnes surplombant la Mer Egée.

La suite s'annonce tout aussi alléchante avec un crochet par la Crête, puis un retour dans le Péloponnese, à Kalamata plus précisément, pour une conférence de presse portant sur cette aventure enrichissante et passionnante qu'est la notre.

Aventureusement votre,

L'équipe d'A Petits Pas

Allo la planete

Voici un petit dessin pastel d'un auditeur de "Allo la planète" sur France inter. Apparemment inspiré par notre projet, à l'écoute jeudi dernier de l'émission a laquelle nous participions, il l'a envoyé a Eric Lange, l'animateur, qui l'a affiché sur son blog.

Restez à l'écoute, A Petits Pas sera amené à participer de nouveau à "Allo la planète"






© Saïd Bouchari

Printemps turc

Bonjour à tous,

L'étrave du petit ferrie sur lequel nous naviguons depuis bientôt huit heures vient de s'ouvrir. La passerelle d'acier s'abat dans un fracas métallique libérateur. Les camions chypriotes surchargés et entassés dans la cale commencent à démarrer. Nous nous frayons un passage dans ce labyrinthe de remorques, parmi les nuages de gaz d'échappement. Le quai mal éclairé du petit port de Taşuçu apparaît, la Turquie avec lui.


Port de Tasucu


Nous partons vers l'ouest, en direction d'Antalya et de la côte lycienne. A grande dose d'auto stop nous avançons rapidement et découvrons ce pays, ses habitants, en douceur. Lors de nos premières expériences gastronomiques, nous dégustons un jus fermenté a base de carottes mauves et de piments. Expérience éprouvante. Nous avons l'impression de boire, d'abord prudemment, du bout des lèvres, puis courageusement, à grandes gorgées, du vinaigre dilué, salé et relevé. Nous en concluons que pour apprécier ce doux breuvage, un peu de rodage est indispensable. A suivre. Nous rencontrons évidemment les très célèbres döner kebap dont nous avons pu tester les copies tout au long de notre parcours. Discussions d'experts, critiques acides et subjectives.


Camping urbain a Anamur


Le minaret de la vielle mosquée d'Antalya pointe le bout de son muezzin, nous allons assister très bientôt à une leçon de laïcité turque. Avant tout, nous sommes réquisitionnés pour une chasse au rat dans un cyber café. Absorbés par la rédaction de votre newsletter préférée, nous n'avions pas remarqué la présence de ce petit nuisible. Armés de balais et de tiges métalliques, nous voilà désormais tous les quatre à quatre pattes, occupés a fouiller tous les coins du local exigu. Aygun un internaute, membre actif de Greenpeace, pulvérise un flot continu d'insecticide sur la pauvre bête.
Nous parvenons à faire s'échapper le rongeur trouble fête et sympathisons avec nos compagnons de chasse. Aygun se propose de nous héberger, soit disant pour enlever l'odeur (notre dernière douche remonte a la Jordanie). S'ensuit une discussion intéressante sur la laïcité, valeur très chère a la Turquie. Lui même musulman modéré doté d'une soeur musulmane plutôt "radicale" selon lui et qui porte la burka, d'un frère chrétien relativement pieux et d'un deuxième frère se revendiquant athée. Il exalte cette diversité familiale, parle de tolérance et poursuit sur la laïcité. Le port du voile vient d'être autorisé à l'école en Turquie, ce qui irrite notre hôte. Le débat qui a fait rage en France ces dernières années renaît. Protection de la laïcité ou atteinte aux libertés? Nous sommes saisis par la fierté qui se dégage de lui lorsqu'il évoque les valeurs de son pays. Le temps de méditer ses paroles et nous partons sur la côte lycienne, toujours vers l'ouest.

Le printemps commence à prendre le pas sur l'hiver; le temps se radoucit et les jours s'allongent. Il nous est agréable de nous jeter à l'eau après une journée de marche. Plages de sable, petites criques de galets ou torrents de montagne; nous accueillons les uns et les autres avec gratitude. Nous procurons à notre tour le gîte et le couvert a un hôte de choix, un petit chien au pelage tacheté noir et blanc. Nous l'affublons du nom de Jean-Claude. Il nous suivra pendant quelques jours, partageant nos repas, veillant, le soir, au pied de notre tente. Gare à celui qui s'approche! Au fil des jours nous découvrons une région splendide et variée, des flammes de Chimerae aux ruines monumentales d'Ephèse en passant par l'antique ville d'Olympos perdue au milieu de la forêt. Nous nous séparons dans la douleur de Jean Claude; Izmir, troisième ville du pays nous appelle.

Nous faisons la rencontre de Dennis, entrepreneur américain installé en Turquie depuis plus de dix ans. Il consacre sa vie à l'application "équitable" du commerce de l'huile en Turquie et nous permet d'entrer en contact avec les personnes importantes dans le milieu. Il s'avère être un interprète de talent. Largement bavard, les journées s'écoulent au rythme de son discours. Nous abordons avec l'union des exportateurs un sujet sensible qui se révèle d'une importance certaine pour l'industrie de l'olive: les relations houleuses de la Turquie avec l'Union Européenne. Une candidature souvent rejetée et qui a pour conséquence de lasser la population turque. Fatiguée par ces débats, elle se décourage et préfère penser à autre chose.


Visite au bureau de l'agence d'exportation


La Turquie fait cependant partie de l'union douanière européenne. Comprenez l'incompréhension des exportateurs lorsqu'on leur impose des taxes prohibitives (si la Turquie supprimait ses droits de douanes sur la viande rouge danoise et hollandaise, l'UE serait prête a baisser les siens a l'égard de l'huile d'olive) et que l'UE subventionne largement les producteurs européens (rappel : L'Espagne, l'Italie et la Grece représente a eux seuls 80% de la production mondiale d'huile d'olive). Conséquence directe, plus de 60% de l'huile turque est vendue en vrac afın de pouvoir trouver des débouchés commerciaux et est souvent vendue comme "italienne". Dennis nous présente sa vision humaniste des choses. Nous apprécions discuter avec lui de ces sujets et découvrons l'ambiance chaleureuse d'Izmir. Nous nous séparons malheureusement de lui pour prendre le chemin de la grande Istanbul où d'autres aventures nous attendent.

Aventureusement votre.

L'équipe A Petits Pas

Escapade Chypriotes

Nos déboires du Moyent-Orient derrière nous, nous atterrissons à Chypre, île plutôt paisible aux premiers abords. Pour nos premiers pas, nous retrouvons l'UE, les touristes, l'euro et la hausse des prix qui en découle depuis le 1er janvier. Le dépaysement en prend un coup, un cap du voyage est franchi, nous sommes déjà sur le chemin du retour, 6 mois après notre départ de la Fare les Oliviers en France.
Nous décidons de profiter de notre semaine insulaire en partant pour le centre du pays pour quelques jours de marche en montagne, pour changer du littoral.

Nous découvrons alors notamment grâce à nos quelques trajets en stop, le métissage de cette île. Une population locale Chypriote grecque plutôt méfiante, et une immigration importante venant de tout horizon, Bulgarie, Arménie, Inde, Sri Lanka, Vietnam, qui ne s'apprécient pas toujours mutuellement. Ajoutez à cela l'invasion et l'occupation turque du tiers Nord de l'île depuis 1974, qui ont créées, non sans heurt, de nombreux expropriés et réfugiés vivant désormais au sud, coté grecque, et vous obtenez un étonnant mélange de culture et de ressentiments sur ce territoire à peine plus grand que la corse.

Emmenés par un couple de bulgare puis un allemand vers la montagne du Troodos, nous reprenons la marche. Nous traversons les sommets de l'île, a près de 2000m d'altitude, avec en invité surprise une épaisse couche de neige qui nous fait perdre notre chemin. Nous nous retrouvons seul, pour camper dans de petites vallées avec comme seul bruit de fond, l'écoulement d'un ruisseau remplaçant agréablement les muezzins qui nous accompagnaient depuis 5 mois.

Petit détour par quelques visites culturelles, les nombreuses civilisations qui se sont succédées sur ce bout de terre stratégique au carrefour de trois continents, ont laissé des traces. Monastères byzantins dans le Troodos, remparts vénitiens de la capitale Nicosie et autres châteaux francs, Mais les plus marquant, et dangereux, resteront pour nous les anglais, qui présents sur l'île jusqu'en 1960, y ont laissé la mauvaise habitude de rouler à gauche. Quelques frayeurs en traversant la tête tournée du mauvais coté !



Avant le passage coté turc, nous assistons au carnaval de Limassol. De grands défilés de chars et troupes de danseurs, pas toujours très coordonnés, pas toujours très soignés, voire pour certains spécimens, plus tout à fait sobres. Nous nous frayons un chemin, sac sur l'épaule pour rejoindre la capitale Nicosie. L'île est petite, nous recroisons déjà plusieurs connaissances et les contacts se font plus sympathiques. Nous nous faisons même inviter, le dernier soir coté grec, par un couple de Chypriotes qui nous avaient vu plusieurs jours plus tôt sur le bord de la route, sans s'arrêter. Ils nous avoueront plus tard, qu'ils ne nous avaient pas pris, effrayés et trop méfiants des étrangers sur l'île. Une fois la glace brisée, plus de problème, et les français sont toujours autant appréciés à l'étranger.

Le passage coté turc s'effectue sans problème, même si la vision de barricades en plein centre ville renvoie toujours à des images plus noires. Rien à voir cependant avec la situation israélo-palestinienne que nous venons de quitter. Il s'agit d'une occupation "froide", les discussions sur la réunifications ont repris, la Turquie devant faire preuve de bonne volonté devant l'Europe pour sa propre candidature à l'union.


Barricade dans la "derniere capitale divisée", Nicosie.



Même si le tourisme est également bien présent coté turc, la différence de richesse nous saute au yeux. Les vieilles voitures succèdent au Mercedes et 4x4 de luxe qui pullulent de l'autre coté, les prix chutent et la ville de Nicosie s'assombrit. Nous n'y passons que quelques heures mais croisons la route d'un journaliste local, amusé de nous voir le pouce levé sur le trottoir. Après quelques photos et questions ils nous déposent à Kerynia sur la cote, pour notre bateau en direction de la Turquie.
Nous n'aurons malheureusement pas eu le temps de vérifier si nos têtes apparaissaient dans le journal du lendemain, nous sommes déjà en Turquıe...

A bientot

Aventureusement votre.

L'équipe A Petits Pas.

Et pour les photos : http://picasaweb.google.com/oleitrotteurs Pour laisser des commentaires, dirigez vous sur le site, dans notre livre d'or.

Un Américain en Palestine

Bonjour à tous,

Voici la lettre d'un des nos colocataires à Faqqua en Palestine, avec qui nous avons partagé notre expérience au sein de l'association PFTA.

Cet Américain qui a fait sa thèse d'anthropologie sur les fermiers palestiniens, a rencontré de nombreux problèmes à sa sortie des Territoires Palestiniens.

Disponible uniquement en version originale

Interlude jordanien

Eyas et Eyad, deux frères, m'accueillent avec entrain dans leur appartement d'Amman. Palestiniens, étudiants en Jordanie, la famille exilée aux Emirats Arabes Unis, un refrain trop classique. J'arrive en pleine période d'examens. Souvent absents, je reste en compagnie de Kofta (viande hachée), leur chat. L'occasion pour moi de travailler assidûment sur la situation oléicole jordanienne.

Au cours de mes recherches a la mission agricole de l'ambassade de France, je rencontre Thomas. Nous avions pris contact avec lui auparavant et aurions dû le rencontrer en Palestine. Chose étonnante il est lui aussi bloqué en Jordanie et interdit d'entrer en Israel pour travail illégal. Employé par une entreprise palestinienne, il ne peut demander de visa de travail israélien. Il avait donc pour habitude de solliciter un visa de tourisme. Israel ne fut pas dupe très longtemps. L'opiniâtreté de ses agents lui permettra de mettre au jour l'astuce trouvée par Thomas. Travail déguisé, illégal, c'est la porte! Un mois qu'il attend que sa situation se débloque. Vivant désormais en Palestine, il n'a plus rien à faire en France. Il prend donc son mal en patience. Nous passons de longs moments ensemble à parler de nos déboires. Mon compagnon d'exil travaille sur l'huile d'olive en Palestine, j'en profite pour avancer mon étude.


Armand, Martin et Remi me rejoignent enfin. Le temps de leur présenter Thomas et nous voila invités au vernissage d'une exposition de La D'jo, une artiste itinérante. Son mari, Karim, est artiste dans la troupe de cirque "Les Arrosés" (pour ceux qui ne connaissent pas ils ont tourné avec Tryo).





Nous comparons avec amusement nos expériences nomades. Pas le temps de souffler, Petra nous attend. L'immensité déstabilisante du site ne nous empêche pas de jouer les Indiana Jones (cf, La Dernière Croisade) sous le soleil cuisant du désert jordanien. Les nabatéens, constructeurs de ce complexe troglodyte, ont relancé A Petits Pas sur les routes, après un mois de quasi-sédentarité.





De petits soucis de formalités à l'ambassade vont refroidir notre ardeur. Mon passeport est impropre à notre passage en Syrie et au Liban depuis que mes amis israéliens se sont amusés à dessiner des "entry denied" sur ses pages jusqu'alors vierges. Notre seul espoir est d'obtenir un passeport d'urgence. Demande à motiver, statuts de l'association à l'appui, sous réserve de l'accord du consul de France. Un petit détour par l'antique cité romaine de Jerash et la sentence tombe.





Ma situation n'est pas considérée comme un cas d'urgence. Je devrais attendre mon retour en France pour changer de passeport. Adieu Syrie. Adieu Liban. Deux pays s'ajoutent à l'Algerie et la Libye. La liste des pays dont les routes n'ont pas été foulées par A Petits Pas s'allonge. Le moral en prend un coup. Nous nous promettons de revenir, dès que possible, dans ces pays finir notre étude.

En attendant, changement de programme. Pas le temps de se lamenter sur notre sort A Petits Pas a besoin d'action. Nous décidons d'ajouter un pays à notre périple. Deux de perdus, un de retrouvé (ne vous moquez pas ce n'est déjà pas si mal). Chypre a donc maintenant l'honneur d'accueillir vos oléitrotteurs préférés. Un pays qui a tout son sens dans notre projet et dont la situation politique est méconnue (plus de détails dans la prochaine newsletter).

Bien à vous.

Aventureusement vôtre.

A Petits Pas.

Pour les toutes les autres photos, cliquez sur Galerıe, sur la droite.

Ps : Suite a un probleme technique, les commentaires ne fonctıonne plus. En attendant vous pouvez utiliser le livre d'or du site ici ou directement par mail : oleitrotteurs@gmail.com

Dépêche APP - Bloqué en Jordanie



Le 18 février 2008

Jean Gouin, en direct d'Amman, Jordanie.

Bonjour à toutes et à tous.

Comme certains le savent déjà, je suis séparé du reste de l'équipe depuis plus de deux semaines. Une histoire palpitante et riche en rebondissements qui commence un certain 30 janvier 2008.

30/01/08, 9h00 - Jenin, Palestine.

Un froid glacial envahit depuis quelques jours la petite agglomération du nord de la Cisjordanie. Le brouhaha, le remue ménage quotidien des marchands s'est émoussé. Des braseros et de nombreux cartons rempli de moufles, mitaines, bonnets et autres écharpes ont fleuri ça et là, au gré des étals. Peu habitués à de telles températures, les passants multiplient les épaisseurs, la tête couverte de leurs longs keffiehs, foulards palestiniens blanc et noir, agrémentés ces temps ci de gros bonnets de laine. Nous sommes en chemin pour les bureaux de l'association. Depuis notre arrivée, nous traduisons les documents nécessaires en français. Nasser, le directeur et fondateur de PFTA se rend ce weekend au salon européen du commerce équitable, à Lyon. Je l'accompagne. Nous prenons l'avion ce soir à Amman, en Jordanie. Les prospectus fraîchement traduits, soigneusement emballés, je salue mes camarades et collègues.

Deux heures que nous sommes bloqués à ce maudit checkpoint. Le chauffeur de mon taxi s'impatiente, fumant cigarette sur cigarette. Je quitte l'habitacle enfumé pour aller m'enquérir de la situation. Beaucoup de palestiniens, dans la même situation, piétinent dehors, criant sur les soldats israéliens. Ces derniers, impassibles, attendent. Mais attendent quoi...Mystère. Finalement, on nous fait signe de nous approcher, à pied. Il font mettre mon chauffeur torse nu pour vérifier qu'il ne cache pas d'armes. Un bref coup d'oeil aux passeports. C'est bon, nous passons.

30/01/08, 18h00 - Amman, Jordanie.

Une tempête de neige s'est abattue depuis hier sur la ville la paralysant complètement. Tous les vols, prévus cette nuit, sont annulés. 15h d'attente. J'erre entre les boutiques de produits duty free aux étalages croulant sous les sucreries, parfums, spiritueux ou cigarettes et les innombrables cafés internationaux. Nous décollons, enfin, et profitons de quelques heures de sommeil béni, bercés par le ronflement sourd et rassurant des réacteurs.

Du 01/02/08 au 03/02/08 - Salon Européen du Commerce Équitable, Villeurbanne, France.

Une myriade de stands de toutes les couleurs, de tous les continents. Chocolats, cafés ou thés, artisanat africain, asiatique ou sud américain mais aussi quelques étals de produits palestiniens. Évoluer dans un salon dédié au commerce équitable est un voyage en soi. Nous partageons, des heures durant, notre expérience avec d'autres exposants. Beaucoup de gens semblent intéressés, préoccupés par la situation palestinienne. Nous abordons ainsi des sujets aussi sensibles que passionnants. Nasser apparaît être très satisfait par ce salon. C'est l'occasion pour nous de trouver des débouchés en Europe et plus particulièrement en France pour son entreprise.
Une petite visite découverte de Lyon et de ses bouchons gastronomiques et l'heure arrive de rentrer chez nous, en Palestine.

Le retour en Jordanie ne pose pas de problème, les ennuis commencent à l'entrée en Cisjordanie.

06/02/08 - Allenby Bridge, frontière palestino-jordanienne.

Fatigué par tous ces transports, je trépigne d'impatience à l'idée de retrouver ma petite routine palestinienne. Le sac à dos chargé de denrées ramenées de France, vin, fromages, charcuterie, je m'apprête à passer la frontière. Nasser est resté chez sa soeur à Amman pour quelques jours.
Les étrangers sont séparés des palestiniens dès la sortie de Jordanie. Chacun son bus pour traverser le Jourdain. Si j'en crois le plan de partage de l'ONU de 1947, seules frontières reconnues sur le plan international, je suis sur le point d'entrer en Palestine. Je me retrouve cependant nez à nez avec des soldats israéliens, qui contrôlent la frontière. Lorsque l'on désire entrer en Israel, il faut se soumettre à de multiples fouilles et tests. On vous sépare dès le début de vos bagages qui seront fouillés de fond en comble en votre absence. Mon préféré, l'analyseur de poussières, un portique situé après le détecteur de métaux. Lorsque vous entrez dans cette drôle de machine, des jets d'air soufflent dans tous les recoins de vos vêtements. Les poussières qui s'envolent sont alors précieusement aspirées puis analysées. Malheur à vous si vous vous êtes amusés avec des feux d'artifice la veille.

Puis, vient le temps des questions. Moment délicieux, où l'on répond aux inquiétudes délicates de votre bourreau du jour. Certains termes, parfaitement banals en toutes autres frontières sont ici à proscrire. Tout d'abord le "flying visa" ou visa volant qui vous permet d'éviter l'apposition du tampon sur votre passeport. Sinon, adieu Syrie, Liban et autres pays du moyen orient. Vous en avez besoin ? C'est cinq heures d'attente et d'interrogatoires. Le second terme honnis est "palestine" Où avez vous donc la tête ? Ce pays n'existe pas. Ici, vous entrez en Israel, la palestine a disparu depuis 1948. Cinq heures d'interrogatoire pour réviser votre géographie.
J'ai naturellement employé ces deux termes, j'ai donc la chance de participer, avec une joie non contenue, à ces charmantes heures d'interrogatoire.
Mon excursion de quelques jours semble poser problème. Pourquoi revenir? J'entreprends d'expliquer brièvement mon projet. La jeune fille en charge de mon cas n'y comprend rien. Vous avez 21 ans et vous allez me faire croire que vous voyager pendant un an, que votre école vous y autorise ? Je m'évertue à lui faire comprendre l'intérêt de mon projet et y intègre l'huile d'olive. Difficile de se faire entendre d'une personne à la mauvaise volonté abyssale. Qu'est-ce que l'huile d'olive ? Je vous demande pardon ? Cela fait vingt minutes que j'en parle. Prenant sur moi, je m'évertue à lui faire comprendre, avec le sourire, mon projet et l'intérêt que j'ai à me rendre dans son pays. Elle abandonne, ne cherchant pas plus loin, mon projet ne la passionnant pas vraiment. Je ravale ma fierté en silence.

Patientez s'il vous plaît.

Une heure et demie plus tard, je me retrouve dans un bureau, en coulisses. Trois personnes, dont deux femmes à la mine patibulaire, s'occupent de moi. Leurs premiers mots. Vous etes nerveux? Vous avez l'air nerveux. Prenez un verre d'eau. Votre histoire on y croit pas Que venez vous vraiment faire en Israel ?. Je répète inlassablement la même chose que précédemment. Ils ne connaissent pas la notion de Commerce Équitable. J'entreprends donc de le leur expliquer succinctement. Pourquoi du commerce équitable en Israel ? Israel n'est pas un pays en développement. Soit, mais je me rends à Jenin, en Palestine. Palestine ? Il n'y a pas de palestine. Permettez moi, mais selon l'ONU... Bref, la population palestinienne, en territoire occupé, a besoin du commerce équitable pour se développer, ce qui m'intéresse pour mon étude. Comment est-il possible de s'intéresser à l'huile d'olive à 21 ans? Et vous dites avoir préparé ce projet un an et demi avant votre départ? Désolé mais ça parait louche votre histoire, on y croit pas. Bien décidé à leur faire avaler mes bien réelles couleuvres, je leur donne l'adresse de notre illustre site internet. Allez donc vérifiez. Avez vous des amis juifs ? Que faites vous le soir a Jenin quand vous ne travaillez pas avec l'association ? Je ne comprend pas trop l'intérêt de ces questions et de la multitude qui suit, mais y répond calmement.
Un couloir. Des copies de tableaux de Monet sont accrochées sur le crépit jauni des murs de ma prison. Une heure que j'attends dans ce fichu couloir. On me conduit dans le hall, je vais enfin passer.

Patientez s'il vous plaît.

Une demie heure passe. La salle se vide, les agents commis aux frontières terminent leur service. Nous ne sommes désormais plus que trois dans cet immense sas. Une porte s'ouvre. Je lève vivement la tête, impatient de quitter cet enfer. Un technicien de surface qui rend son office. Les minutes passent. Personne ne semble se soucier du fait que je tourne en rond ici depuis une éternité. Alors, on prononce mon nom. Je me lève et me dirige vers la jeune fille qui tient mon passeport. L'accès à Israel vous est refusé pour raisons de sécurité nationale. Veuillez suivre cette femme, elle vous conduira jusqu'à vos bagages. Je manifeste vivement mon mécontentement mais elle a déjà disparu. Personne pour me répondre. Je m'égosille à demander des explications, on me dit d'aller me plaindre à l'ambassade.

Me voila de retour à Amman. Je retenterai ma chance plus tard.

07/02/08 - Amman, Jordanie.

J'ai retrouvé Nasser chez sa soeur qui m'héberge gentiment. Il s'inquiète de mon cas, navré de m'avoir entraîné dans cette histoire. Je prévois une deuxième tentative pour le lendemain. Nasser se rendra en palestine avec moi, leur expliquera la situation, etc. Nous préparons ensemble notre défense.

08/02/08 - Allenby bridge, frontière palestino-jordanienne.

Je me sépare de Nasser, chacun son bus, et arrive avant lui. Après tous les tests, j'arrive devant la demoiselle qui s'occupera de moi. Elle vérifie ce qu'elle a à mon sujet sur son ordinateur. Regard noir, inquisiteur. Je lui réponds par un grand sourire. Pourquoi réessayer de passer ? on vous a déjà dit non ! Je réexplique mon cas, prétextant une erreur d'interprétation, et exprime ma volonté de me défendre auprès d'un responsable..

Patientez s'il vous plaît.

Je fais connaissance avec mes compagnons de "Patientez s'il vous plaît". Des instituteurs français en Jordanie. Ils désirent voir une pièce de théâtre palestinienne ainsi qu'un visa volant... Nasser arrive, enfin. Je lui fait savoir ou j'en suis. Il se présente devant la même jeune fille et s'enquiert de mon problème. Apparemment, j'aurais été victime d'un malentendu. Cette fois-ci, on s'intéresse à la manière dont je finance mon projet. On ne sait jamais, je pourrais recevoir des fonds de groupes islamistes. Parlez-vous arabe ? Nasser réussit à passer. J'attends toujours. Mes compatriotes passent en coulisses. Les minutes défilent. Apparemment mon cas ne pose pas de problème cette fois-ci. Pourtant on me refuse une nouvelle fois l'entrée. Je m'insurge et quémande des précisions. Je ne me suis pas occupé de votre dossier mais selon me collègues vous auriez de mauvaises intentions et seriez dangereux pour mon pays. Après d'ultimes tentatives et mouvements de manches, je capitule. Retour à Amman.

08/02/08 - Amman, Jordanie.

Je suis hébergé chez les cousins d'un des responsables de l'association. Étudiants palestiniens, ils m'accueillent pour une semaine. Je commence à étudier la situation oléicole jordanienne sans les autres. Nous gagnons ainsi du temps et pourrons rejoindre plus rapidement la Syrie.

La suite dans une newsletter consacrée plus particulièrement à la Jordanie.

En espérant vous avoir éclairé un peu plus sur ma situation.

Aventureusement vôtre.

Jean.

Tony Blair en visite a Naplouse

Apres Nicolas Sarkozy au Maroc et au Caire, puis George Bush a Jerusalem, les grands de ce monde continuent de nous poursuivre.

C'est au tour de Tony Blair de croiser notre chemin, de plus pres cette fois ci, avec un petit commentaire acerbe de notre ami americain Max, au sujet d'un certain "dossier" irakien, en francais dans le texte.

A Petits Pas a filme tout ca


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De l'autre cote du mur

Après notre court passage en Israël, nous traversons les territoires palestiniens, jusqu'à l'extrême Nord-Est dans la région de Jenin.
Nous sommes bien accueillis à Faqqua, petite ville mitoyenne du mur. Nous rencontrons deux américains, Andrew et Max, avec qui nous allons partager un appartement pour notre mois de volontariat oléicole. Deux jeunes voyageurs expérimentés, plus de 60 pays à eux deux, qui connaissent bien la région, l'un d'eux ayant réalisé sa thèse d'anthropologie ici à propos des fermiers palestiniens. Grâce à eux nous sommes rapidement en contact avec de nombreux jeunes de la ville.

Nous nous installons rapidement dans notre vie palestinienne. Nous travaillons six jours sur sept pour la coopérative, dans la manufacture d'huile d'olive, dans les bureaux de l'association de commerce équitable ou bien dans les champs d'olivier des fermiers locaux pour des journées bien remplies.
Les 35 heures sont bien loin dans la manufacture de Berquin. Lors de commandes importantes, les ouvriers enchaînent plusieurs journées de 12h de travail pour finir à temps. Nous trouvons un peu de temps pour visiter la ville, et notamment une des plus anciennes églises au monde.

Le soir, après avoir dîner de falafels, d'houmous et de jus de mangue, nous nous retrouvons chez Ibrahim, Shahin ou Mahmoud autour d'innombrables et inévitables tournées de cafés ou de thés. Nous apprenons quelques mots d'arabes, discutons de nos différentes cultures. Toujours génés par la place de la femme dans la plupart des familles, étonnés du respect du droit d'aînesse par les petits frères obéissant toujours aux plus grands, nous vivons imprégnés de cette culture, surpris de la vie en réelle communauté des jeunes, toujours les uns chez les autres jusque tard le soir.
Dans les rares moments de solitude chez nous, nous perfectionnons notre anglais auprès des américains. Nous percevons bien alors, à travers la confrontation avec la culture locale, à quel point nous sommes proches de la leur.

Quelques jours plus tard, nous nous retrouvons en leurs compagnies, chez Ibrahim, à discuter de sa situation, il souhaite obtenir un visa pour visiter les États-Unis, et de celles des Palestiniens en général. En dehors de la situation économique et sociale difficile au quotidien, ce qu'il ressort le plus est la privation de leur liberté de déplacement, notamment vers leurs lieus sacrés. Ibrahim nous explique :
"Quand vous allez à Jérusalem, vous voyer des personnes du monde entier. Pourquoi n'importe qui, de Russie, de France, du Japon, d'Amérique peut aller à Jérusalem excepté moi, parce que je suis Palestinien ?"
Les check-points sont en effet omniprésents, et les Palestiniens ne sont théoriquement pas autorisés à passer dans les territoires israéliens, ce qui inclut Jérusalem. Certains peuvent obtenir un permis de passage, mais les démarches sont compliquées et les imprévus fréquents. D'autres, comme un des amis d'Ibrahim que nous avons rencontré, passent illégalement la frontière pour aller trouver du travail, à Nazareth, ville majoritairement peuplée d'Arabes et située de l'autre côté du mur.

Lors d'un de nos vendredis chômés, nous étions à Jérusalem en route pour Gaza pour la manifestation contre le blocus d'Israël. Nous avons alors assisté à une scène irréelle juste devant la vieille ville du côté de la porte de Damas à Jérusalem Est. Plus de 200 personnes priant à même le sol de l'autre côté de la rue sur des bouts de carton, face à des dizaines de soldats. Nous apprenons, avec Andrew, auprès de l'un d'entre eux, que l'accès à la vieille ville est interdit aux musulmans de moins de 40 ans (c'est-à-dire aux non juifs et non touristes) tous les vendredis à l'heure de la prière, et donc aux nombreux Arabes israéliens peuplant la partie Est de Jérusalem. Leur carte d'identité permet aux soldats de les discriminer selon leur age, mais aussi leur religion.

C'est également à cause d'une mesure contre la Palestine que, vous l'aurez probablement remarqué, la newsletter n'a pas son style habituelle.

Nous sommes en effet séparés temporairement de votre cher rédacteur habituel. Jean est bloqué à la frontière israélo-jordanienne. Il était parti quelques jours, avec Nasser Abu Fhara, le directeur de la coopérative où nous travaillons, pour un salon dédié au commerce équitable. Lors de son retour, les douaniers ont appris que Jean souhaitait rentrer dans les Territoires palestiniens, qui plus est pour y travailler bénévolement. Le gouvernement Israélien, tentant d'empêcher au maximum les contacts avec la Palestine, ne laissent passer que les touristes affirmant se rendre en Israël, et bloquent, abusivement, tous les cas qui leur paraissent suspects.

Ils ont également fait un petit tour sur notre site, et n'ont, semble-t-il pas, apprécié les photos de la manifestation de Gaza.

Pour toutes ces raisons, Jean est désormais « Interdit de territoire » car, selon les douaniers, il représenterait « une menace pour Israël » !

Pas d'inquiétude cependant, il est bien accueilli dans la famille d'un des employés de la coopérative à Amman en Jordanie où nous le retrouverons dans quelques jours.

À bientôt

A Petits Pas

Comme d'habitude pour les photos, cliquer sur Galerie photo sur oleitrotteurs.free.fr

Arrivee en Palestine

Nous sommes arrives en Palestine, ou nous resterons un mois dans le petit village de Faqqua pres de Jenin, dans le nord de la Palestine.
Nous travaillons pour PFTA, Palestinian Fair Trade Association, dans les bureuaux de Jenin, a l'usine de Berquin ou dans les champs d'oliviers palestiniens.





Manifestation devant le blocus de Gaza




La region de Faqqua




Le centre ville de Jenin




Priere devant la vieille ville de Jerusalem


D'autres photos sont disponibles dans la galerie.
Le lien est toujours disponible sur la droite.

Shalom?

Bonjour à tous,

Désireux de combler notre retard (cf, NL #9 – Exode vers la Terre Promise), nous rejoignons rapidement Tel Aviv, laissant le Sud d'Israel à de futures errances. Nous voila donc de retour à l'anonymat, dans cette agglomération à l'allure occidentale. Une ville cosmopolite où l'on entend parler toutes les langues. Nous connaîtrons l'explication à ce phénomène plus tard, lors de notre arrivée à Jerusalem. Patience. Nous retrouvons la pelouse verte et confortable des jardins publics où il fait bon dormir. Chose étrange, personne ne semble se soucier de la présence de notre tente. Fièrement dressée entre deux buissons desséchés, au bord d'une allée de sable grisâtre, telle un pied de nez aux autorités, elle ne suscite aucune attention. Elle obtiendra même les félicitations, après contrôle des passeports évidemment, de l'armée puis de la police. Seules quelques mésaventures enfumées viendront troubler sa quiétude à Jerusalem (j'y arrive, j'y arrive…).

On ne peut voyager dans ce pays sans ressentir les tensions du conflit israelo-palestinien. Contrôles d'identité. Fouilles systématiques. Armée omniprésente. Il est courant de voir se balader au beau milieu de la rue de jeunes gens, garçons et filles, armes de fusils d'assaut. Nous apprendrons, à Jerusalem (hé oui, encore…) qu'ils font leur service militaire et ont le droit de conserver leur arme en permission. Sans commentaire. Une situation comme celle-ci provoque un élan d'activisme. Ainsi, une multitude d'ONG, d'associations, d'entreprises mènent des actions de solidarité en Palestine. Ce qui ne plaît pas toujours aux autorités israéliennes.

Nous nous décidons enfin à partir pour Jerusalem. Nous sommes réveillés par la fumée d'un feu allumé par un jardinier maladroit. Il nous faut nous lever à toute vitesse pour éloigner la tente du feu qui commençe à se propager. Au final, pas de bobo mais quelques petits trous de braises dans la tente.
Le lendemain, nous sommes accueillis par Roze et Albert, deux hierosolytains. Avec eux, nous parlons longuement de ce qui se passe dans leur pays. Elle vient de France, il vient du Brésil. Tous deux sont venus ici pour accomplir leurs études. Ils ne prévoient pas de passer leur vie ici. Beaucoup de jeunes sont dans leur cas et c'est pour cela que l'on entend parler toutes les langues.
Albert débute son service militaire. Il en a pour trois ans. Trois longues années où obéir et se soumettre à des ordres souvent injustes sera son quotidien. Des heures à attendre aux points de contrôles avec pour consigne de ne laisser passer qu'une voiture toutes les dix minutes, de bloquer les professeurs un jour d'examen, de forcer les palestiniens à se déshabiller au milieu de la route en plein hiver sous prétexte de chercher des armes.

Puis, il devra défendre certains colons qui persécutent quotidiennement, souvent violemment, pillent, déracinent, saccagent les oliveraies palestiniennes. Nous rencontrons à Tel Aviv et à Jerusalem des associations israéliennes qui protègent et aident ces fermiers palestiniens à s'occuper de leurs oliviers. Par exemple, une association, fondée par des rabbins, lutte pour que les droits de l'homme soit aussi ceux des palestiniens. Nous allons par son intermédiaire être confrontés à l'agressivité et la bêtise de ces fameux colons. Véritables fous à lier, ils terrorisent les paysans locaux, les insultent, les rouent de coups et attendent que le fruit soit mûr pour venir dérober la récolte, Torah brandie en guise de titre de propriété. Il faut admirer le courage de rabbins et de volontaires qui accusés de traîtrise font face à la fureur et à la stupidité de manière très calme, stoïque. Les israéliens qui oeuvrent dans ce genre d'associations sont admirables, leur pays fait tout ce qu'il peut pour les empêcher d'agir en solidarité avec les palestiniens. Il ne fait pas bon d'être pour la paix en Israel.
Nous nous rendons avec plaisir sur les bords de la Mer Morte, oasis de tranquillité, ou l'on oublie un instant les souffrances de cette région. Retombée en enfance le temps d'une baignade, toute l'équipe accueille gaiement cette virée salée. Il en faut décidément peu pour s'amuser. Un peu d'eau, une pincée de sel et les quatre jeunes hommes responsables que nous sommes jouent à qui flotte le mieux, à qui trouve la position la plus incongrue. Sachez que l'on peut y tenir debout sans avoir les épaules dans l'eau, il suffit d'avoir de l'équilibre.

Nous partons ensuite en Galilée, jusqu'à Nazareth ou nous connaissons les premières nuits froides. Un givre délicat se dépose sur notre toile de tente accompagne d'un vent généreusement glace et accueille nos corps engourdis au petit matin.

Notre prochain objectif est la Palestine, Jenin où nous travaillerons dans une association de Commerce Équitable

A bientôt pour de nouvelles péripéties.

Aventureusement vôtre.

L'équipe A Petits Pas.

Exode vers la Terre Promise

Bonjour a tous,

Quelques nouvelles de la fin de l'Egypte avec un peu de retard. Nous sommes actuellement a Tel Aviv et nous apprêtons a rejoindre Jenin (Palestine) et la coopérative dans laquelle nous travaillerons un mois.

Alexandrie, une cité tourmentée. Oscillant durant des siècles entre prestige et destruction, elle est devenue aujourd'hui une agglomération portuaire paisible. S'y promener est un délice. La nouvelle bibliothèque, bâtie sur l'emplacement présumé de son aïeule impressionne par ses dimensions. Elle abrite notamment la plus grande salle de lecture au monde. Émouvant témoignage de son passé de capitale intellectuelle.



Fort de notre expérience alexandrine nous nous orientons vers le canal de Suez. 30% du volume du trafic maritime mondial transite entre ses rives. C'est sur celles-ci que nous fêterons le Nouvel An. Nous sommes installés pour l'occasion dans un café de Port Said, à l'embouchure méditerranéenne du canal. Une douzaine d'écossais ont élu domicile a la table voisine. Marins, leur porte-containers fait escale ici pour quelques jours. Les heures passent et la salle exiguë de ce petit bar aux tons orientaux s'emplit de chants de matelots. Les bouteilles de Louxor, bière pharaonique, circulent allègrement sur leur table au rythme des canons, à virer ou à haler. L'ambiance nous évoque les eaux glaciales et agitées de l'atlantique Nord, la pluie, mêlée d'embruns qui ruisselle sur de longs cires jaunes, l'odeur puissante de varech et de poisson qui emplissent des narines glacées par le vent. Une véritable évasion de l'hiver doux d'Egypte. Minuit arrive. Le brouhaha est a son comble. La salle se vide alors mais "Flowers of Scotland", l'hymne écossais, résonne encore.



Nous voici désormais aux portes d'Israel, du Proche Orient, entre Asie et Afrique. Rafah est notre point d'entrée, frontière entre la bande de gaza, Israel et l'Egypte. De nombreux palestinien revenant de la Mecque y sont bloqués depuis des jours. Israel désire arrêter les dirigeants du Hammas qui souhaitent regagner leur territoire. Malheureusement pour nous, heureusement pour eux, l'Egypte décide unilatéralement d'ouvrir la frontière ce jour là. La cohue qui résulte de cette initiative provoque un certain désordre. L'accès est réservé aux palestiniens pour le moment sauf autorisations exceptionnelles. Elles nous sont refusées lors de vifs échanges d'arguments chez les autorités compétentes. Nous devons faire demi-tour, un détour de 800 km est nécessaire pour rejoindre Tabah, le poste frontière du Sud. Une vingtaine d'heures de transports et nous trouvons enfin accès a l'Etat hébreux.

A bientôt pour de nouvelles péripéties palpitantes.

Aventureusement votre.

L'équipe A Petits Pas.